Les formations certifiantes proposées par la FORDIF se structurent autour de projets professionnels concrets, que les participants, tout au long de leur parcours, planifient et mettent en oeuvre au sein de leur établissement ou au sein de leur cadre professionnel.
Sur cette page, Frédéric Schütz nous présente le projet mené au Centre Pédagogique pour élèves handicapés de la vue (CPHV).
Frédéric Schütz a travaillé au Repuis de 2006 à 2014. Il y a occupé les postes de directeur ad intérim puis de directeur adjoint. Depuis avril 2014, il dirige le Centre Pédagogique pour élèves handicapés de la vue (CPHV).
Il est certifié en administration et gestion d’institution de formation (volée 2011-2012) et a obtenu son DAS en gestion et direction d’institution de formation en 2015.
Le CPHV est l’une des entités de la FAA (Fondation Asile des Aveugles), avec l’hôpital ophtalmique Jules Gonin et deux EMS. Il accompagne plus de 150 enfants de 0 à 20 ans, ayant un déficit visuel, sur tout le territoire romand (à l’exception de Genève) dans le cadre de la scolarité obligatoire spécialisée.
L’équipe de professionnels du CPHV se compose d’une soixantaine de personnes (enseignants et éducateurs spécialisés, psychologues, ergothérapeutes, psychomotriciens, pédagogues en éducation précoce spécialisée et instructeurs en locomotion).
Frédéric Schütz est arrivée en fonction au CPHV alors qu’il suivait le Module MAN-2 du DAS. Celui-ci est consacré au management stratégique. L’exercice a constitué une base pour l’analyse et de diagnostic de la situation du CPHV dans son environnement. De cette analyse ont découlé de nombreuses pistes d’action.
L’objectif stratégique sous-jacent aux différents mouvements initiés à partir de la démarche de management stratégique était de faire du Centre pédagogique un centre de référence dans le domaine du handicap visuel en Suisse.
Le management stratégique se situe donc en filigrane des différentes réalisations listées ci-dessous.
La première action a été de clarifier les mécanismes de fonctionnement (procédures, répartition des responsabilités) de l’institution. La mise en visibilité de l’organisation du travail est au centre de tout exercice de management. Cette rationalisation est un préalable à toute vidée de développement institutionnel. Pour ce faire, plusieurs outils ont été mobilisés. Parmi eux, on peut mentionner l’organigramme qui permet de donner à l’intérieur et à l’extérieur une représentation de la structure organisationnelle. Sur cette base, les cahiers des charges peuvent être articulés en évitant les doublons et les vides organisationnels.
Cet outil représente une mise à plat, un point de départ. Dans le cas du CPHV, il a paru insuffisant à Monsieur Schütz. Cette formalisation a été complétée par un exercice permettant d’identifier les compétences individuelles et collectives. Surtout, il permet de planifier le développement des compétences collectives. L’UF sur la gestion et le développement des compétences dans le cadre du Module ODT-2 a été au centre de cette démarche qui a pris la forme d’une cartographie des compétences. Un extrait en est présenté ci-dessous.
Cet outil a la grande vertu de permettre un état des compétences présentes dans l’institution, mais aussi de faire un état des lieux de celles qui pourraient être renforcées. Surtout, il permet de planifier le renouvellement de l’équipe professionnel en s’assurant que des compétences précieuses ne disparaîtront pas avec un départ à la retraite. Il est donc à cheval sur le présent et sur l’avenir proche. Cet outil est rempli par les collaborateurs eux-mêmes, puis par les cadres de manière à trianguler les données d’information. Il fera prochainement l’objet d’une rencontre plénière pour favoriser une prise de conscience collective sur les capacités stratégiques de l’institution et dessiner des pistes pour les renforcer.
Une deuxième réalisation a été de mettre en place les conditions qui permettent de soutenir le développement professionnels des collaborateurs et notamment des professionnels qui rejoignent l’institution. En début d’année, une formation d’une durée de 6.5 est organisée (module d’intégration professionnelle et organisationnelle).
Il s’agit de donner une base pratique sur la connaissance de l’institution de manière à sécuriser et permettre une socialisation professionnelle plus rapide. Les collaborateurs qui connaissent déjà l’institution peuvent également participer à certaines journées. Cette année, l’un des moments de formation a consisté à travailler sur la didactisation d’un manuel : chacun avait la consigne de préparer une séquence didactique à partir de ressources partagées.
Sans porter de jugement sur les personnes, chacun a pu comparer son travail avec celui des autres. On vise par cela à la fois la constitution de repères communs mais aussi l’enrichissement de sa boîte à outils pédagogiques par l’échange collectif. Pour maintenir cette culture de la formation par les pairs, des journées pédagogiques sont aussi régulièrement organisées. On vise par cela à favoriser l’émergence d’une communauté d’apprentissage professionnel (Module CRA-2).
L’une des réalisations importantes depuis l’arrivée de Frédéric Schütz a été de revoir l’organisation des enseignements pour favoriser l’intégration des disciplines. Ainsi, sans alourdir les coûts de fonctionnement, il n’est pas rare que deux enseignants collaborent et se trouvent ensemble devant les élèves. Un tel co-enseignement permet d’échanger des savoir-faire au sein de l’équipe et de favoriser la polyvalence des enseignant-e-s.
Le contenu de ces journées d’échanges et de perfectionnement est élaboré par les collaborateurs eux-mêmes. Pour soutenir le développement de l’initiative et une forme de leadership distribué (module INT), Frédéric Schütz a mis à la disposition des collaborateurs un outil de formalisation, d’organisation et de communication sous la forme d’un fichier de gestion de projet que les collaborateurs peuvent s’échanger (voir ci-dessous).
A terme, il est prévu que le document soit disponible et mise à jour en réseau sur l’intranet. Il est important que les projets émanent des professionnels eux-mêmes. Les collaborateurs sont donc libres de proposer un projet. La direction met à leur disposition s’il le faut un budget dont les opérations de suivi sont archivées dans la fiche de projet. Ainsi, on cultive une transparence sur les fonds disponibles et leur utilisation.
Un exemple de projet récent peut être cité en exemple : l’aménagement d’une salle dans l’internat qui sera dédiée à partir de la rentrée 2015 aux études surveillées. Il a fallu planifier et gérer l’achat de matériel mais aussi concevoir le plan d’utilisation de la salle. Ce sont des projets concrets qui sont extrêmement valorisant pour une équipe qui peut voir rapidement les effets et les fruits de leur investissement.
Un effort a aussi été consenti pour la communication à l’externe et à l’interne. A l’externe, une vitrine a été aménagée à l’entrée du bâtiment pour informer le grand public des nouveaux outils permettant d’améliorer la vie quotidienne des malvoyants. L’affichage utilisé dans cette vitrine se déroule selon un calendrier de communication.
Un bulletin de liaison et d’information est également édité chaque semaine. Son contenu a été revu pour qu’il réponde à des besoins multiples et qu’il puisse être lu par tous les collaborateurs. Il informe notamment sur l’état d’avancement des projets et souligne les réalisations. Un flyer a aussi été conçu. Il est disponible dans le hall d’accueil. Sur tous ces points, la thématique de la communication est assumée par le Module CRA.
Les prestations du CPHV ont été enrichies. Il s’agissait en particulier de proposer un accompagnement vers le monde professionnel. Traditionnellement, le centre pédagogique mettait l’emphase sur le développement cognitif et social de l’élève. Il vise à présent à l’accompagner dans son entrée sur le marché du travail.
Des partenariats ont été développés, notamment avec l’OMP de Genève. Le CPHV s’est associé à la HEP Vaud pour élaborer un CAS de spécialisation en déficit visuel équivalent à 22,5 jours. Une partie des collaborateurs de l’institution anime ces formations. Les enseignants du spécialisé sont en général peu préparés pour travailler auprès d’une population malvoyante. Ce CAS cherche à compléter leur formation de base et à les outiller pour adapter leur enseignement aux caractéristiques de ce public.
La visée d’un devenir vers un centre de référence nécessite la mise place d’outils de pilotage qui permet de suivre la réalisation des missions de l’institution et de réguler en vue de l’atteinte des objectifs au fur et à mesure. Pour soutenir le développement organisationnel, Frédéric Schütz a élaboré un document de synthèse qui lui permet d’organiser les mouvements stratégiques en s’appuyant sur une évaluation régulière. Il permet aussi de prioriser les actions.
A ce jour, de nombreux changements ont pu être initiés au CPHV. Des tableaux de bord ont été introduits et sont utilisés par la direction pour piloter l’établissement. D’un point de vue macro, notre structure est formalisée au niveau des processus principaux. Des groupes de projets ont été relancés, sont actifs et suivis à travers une réelle gestion de projets. Les collaborateurs sont entrés dans un nouveau mode de fonctionnement qui doit viser à terme la création d’une réelle communauté d’apprentissage au CPHV.